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Rencontre avec le Pr Mario Campone, oncologue médical spécialiste du cancer du sein et du développement de nouveaux traitements

photo profil Mario Campone

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Le cancer du sein touche de nombreuses personnes chaque année : pouvez-vous nous rappeler les chiffres ?

Le cancer du sein représente 33% des cas de cancers féminins et on dit souvent qu’une femme sur huit fera un cancer du sein dans sa vie.
Guillemet ouverte

Il ne faut pas voir l’incidence qui augmente comme une mauvaise nouvelle car c’est notamment l’adhésion au dépistage qui permet de diminuer la mortalité.

Guillemet ouverte
L’incidence depuis quelques temps augmente notamment grâce aux campagnes de dépistage : il y a environ 58 000 nouveaux cas de cancer du sein par an. Si l’incidence augmente, la mortalité diminue de manière drastique car les cancers sont détectés à des stades plus précoces. Ce phénomène est lié aux campagnes de dépistage et aux traitements mis en place qui sont aussi de plus en plus efficaces.

Qu'en est-il de l'âge de la population touchée ?

L’âge moyen au diagnostic est autour de 50 ans. Il y a des cas chez la femme jeune, mais ces cas sont souvent liés à des prédispositions génétiques. Le développement d’un cancer du sein est un long processus qui prend du temps. Entre le moment où les cellules normales deviennent cancéreuses, que ces cellules cancéreuses deviennent une tumeur,  et enfin qu’elle soit visible ET détectable… il peut se passer entre 15 et 20 ans.
Guillemet ouverte

Le développement d’un cancer du sein est un long processus qui prend du temps : entre 15 et 20 ans…

Guillemet ouverte
L’âge moyen au diagnostic est autour de 50 ans. Il y a des cas chez la femme jeune, mais ces cas sont souvent liés à des prédispositions génétiques. Le développement d’un cancer du sein est un long processus qui prend du temps. Entre le moment où les cellules normales deviennent cancéreuses,
Guillemet ouverte

Le développement d’un cancer du sein est un long processus qui prend du temps : entre 15 et 20 ans…

Guillemet ouverte
que ces cellules cancéreuses deviennent une tumeur,  et enfin qu’elle soit visible ET détectable… il peut se passer entre 15 et 20 ans.

Au-delà des prédispositions génétiques, quels sont les facteurs de risque identifiés ?

Il existe ce qu’on appelle les facteurs endogènes qui sont des mutations sur le patrimoine génétique. Arrivent aussi les facteurs risques liés à ce qu’on appelle la « vie génitale », donc l’imprégnation en oestrogènes : puberté précoce, ménopause tardive, traitements substitutifs de la ménopause. Attention ces traitements ne déclenchent pas le cancer, c’est un point qu’il faut rappeler pour ne pas faire culpabiliser les personnes qui en ont pris, mais il peuvent accéder à la phase de croissance. Après, il existe des facteurs d’ordre hygiéno-diététiques : notamment les habitudes alimentaires avec la consommation de graisses insaturées et la surcharge pondérale. Donc apprenons à nos enfants à faire du sport, à manger équilibré, et c’est encore plus important à la puberté. Revenons aux bases et cela contribuera à diminuer l’incidence à la fois des maladies cardiovasculaires mais aussi un certain nombre de cancers qui sont liés à nos habitudes alimentaires.
Il existe ce qu’on appelle les facteurs endogènes qui sont des mutations sur le patrimoine génétique. Arrivent aussi les facteurs risques liés à ce qu’on appelle la « vie génitale », donc l’imprégnation en oestrogènes : puberté précoce, ménopause tardive, traitements substitutifs de la ménopause. Attention ces traitements ne déclenchent pas le cancer, c’est un point qu’il faut rappeler pour ne pas faire culpabiliser les personnes qui en ont pris, mais il peuvent accéder à la phase de croissance.
Après, il existe des facteurs d’ordre hygiéno-diététiques : notamment les habitudes alimentaires avec la consommation de graisses insaturées et la surcharge pondérale. Donc apprenons à nos enfants à faire du sport, à manger équilibré, et c’est encore plus important à la puberté. Revenons aux bases et cela contribuera à diminuer l’incidence à la fois des maladies cardiovasculaires mais aussi un certain nombre de cancers qui sont liés à nos habitudes alimentaires.

Et qu'en est-il des perturbateurs endocriniens ? On en parle beaucoup aujourd'hui...

Alors il y a des études qui sont en cours aujourd’hui mais il n’existe pas encore de réponse tranchée. On sait que dans certaines pathologies, telles que les homéopathies, il y a une corrélation entre exposition aux pesticides et survenue d’un certain nombre de cancers hématopoïétiques. Pour le cancer du sein, la question reste encore en suspens.
Alors il y a des études qui sont en cours aujourd’hui mais il n’existe pas encore de réponse tranchée. On sait que dans certaines pathologies, telles que les homéopathies,
il y a une corrélation entre exposition aux pesticides et survenue d’un certain nombre de cancers hématopoïétiques. Pour le cancer du sein, la question reste encore en suspens.

Aujourd'hui le dépistage organisé concerne les femmes de 50 à 74 ans. Pourquoi ne va-t-il pas au-delà de 74 ans ?

Guillemet ouverte

Concernant le dépistage, les situations évoluent. Ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera pas forcément demain.

Guillemet ouverte
Après 74 ans, on n’est plus sur un dépistage collectif, il s’agit plus d’un dépistage individuel. En santé publique, la réflexion se doit d’être globale. C’est-à-dire que l’on cherche à diminuer la mortalité, quel que soit le cancer. Nous devons donc tenir compte de l’espérance de vie de chaque individu atteignant un âge donné, même s’il s’agit de statistiques. Aujourd’hui, l’espérance de vie des femmes est d’environ 82 ans. A l’échelle individuelle, continuer son dépistage régulièrement n’est pas aberrant puisqu’il reste encore des années à vivre. Et plus on augmentera l’espérance de vie, plus on reculera cette barrière de 74 ans. De la même façon, si les chiffres semblent démontrer que la survenue est de plus en plus précoce, il faudra également abaisser l’âge des premiers dépistages en dessous de 50 ans. Evidemment, chez les femmes qui ont des prédispositions génétiques ou des antécédents familiaux de cancers du sein, il est recommandé de débuter un dépistage annuel à partir de 25 ans. Cependant les situations évoluent. Ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera pas forcément demain. Il faut évaluer le risque pour adapter la surveillance et le dépistage. Par exemple, des études sont en cours pour savoir s’il faudrait passer sur un dépistage organisé non plus tous les 2 ans, mais tous les 3 ans. Cela peut donc changer dans les années à venir.
Guillemet ouverte

Concernant le dépistage, les situations évoluent. Ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera pas forcément demain.

Guillemet ouverte
Après 74 ans, on n’est plus sur un dépistage collectif, il s’agit plus d’un dépistage individuel. En santé publique, la réflexion se doit d’être globale. C’est-à-dire que l’on cherche à diminuer la mortalité, quel que soit le cancer. Nous devons donc tenir compte de l’espérance de vie de chaque individu atteignant un âge donné, même s’il s’agit de statistiques. Aujourd’hui, l’espérance de vie des femmes est d’environ 82 ans. A l’échelle individuelle, continuer son dépistage régulièrement n’est pas aberrant puisqu’il reste encore des années à vivre.
Et plus on augmentera l’espérance de vie, plus on reculera cette barrière de 74 ans. De la même façon, si les chiffres semblent démontrer que la survenue est de plus en plus précoce, il faudra également abaisser l’âge des premiers dépistages en dessous de 50 ans. Evidemment, chez les femmes qui ont des prédispositions génétiques ou des antécédents familiaux de cancers du sein, il est recommandé de débuter un dépistage annuel à partir de 25 ans. Cependant les situations évoluent. Ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera pas forcément demain. Il faut évaluer le risque pour adapter la surveillance et le dépistage. Par exemple, des études sont en cours pour savoir s’il faudrait passer sur un dépistage organisé non plus tous les 2 ans, mais tous les 3 ans. Cela peut donc changer dans les années à venir.

Pouvez-vous nous parler de la prise en charge du cancer du sein, aujourd'hui, et comment a-t-elle évolué ?

La prise en charge s’est fortement complexifiée ces dernières années. Tout d’abord il faut rappeler qu’il n’y a pas « un » mais « des » cancers du sein. En effet, on est capable de classer ces cancers du sein en fonction des caractéristiques de la maladie et d’identifier des cibles pour les traitements. Toute la stratégie des traitements anti-estrogéniques, seuls ou associés à d’autres thérapies ciblées, concerne les cancers dits « RH+ » (qui possèdent des récepteurs hormonaux). La 2e catégorie de cancers du sein est liée à une protéine, HER2, pour lesquels on a toute une stratégie de traitement qui a commencé dans les années 2000 avec le trastuzumab et qui se prolonge par des nouveaux traitements très efficaces en situation métastatique. Ces traitements sont en train d’être amenés rapidement dans des situations précoces avec l’objectif de guérir les patients. Cette nouvelle stratégie de traitement est en quelques sortes liée à de l’ingénierie puisqu’on développe des anticorps couplés à la chimiothérapie. Cela permet d’être efficace en limitant la toxicité.
Guillemet ouverte

Aujourd’hui grâce aux traitements, on obtient des espérances de vie que l’on n’avait jamais atteint jusqu’à ce jour.

Guillemet ouverte
La 3e catégorie de cancers du sein concerne les cancers dits « triples négatifs », qui constitue un groupe de tumeurs caractérisées par l’absence de récepteurs hormonaux et d’une absence d’amplification de la protéine HER2 à la surface de leurs cellules. De la même façon pour ces cancers, on développe des anticorps couplés à la chimiothérapie et ces avancées sont réellement porteuses d’espoir. Petit à petit, nos connaissances de la biologie font qu’on adapte de mieux en mieux nos stratégies thérapeutiques. On guérit de plus en plus de femmes en stade précoce. En situation métastatique, on parvient à en faire une maladie chronique. Aujourd’hui grâce aux traitements, on obtient des espérances de vie que l’on n’avait jamais atteint jusqu’à ce jour.

Pouvez-vous nous parler des essais cliniques et de la recherche actuelle ?

Guillemet ouverte

On cherche actuellement à rendre le micro-environnement tumoral complètement hostile afin que les cellules cancéreuses ne puissent plus se développer et meurent.

Guillemet ouverte
Quand on fait un essai clinique, c’est pour tester une stratégie vis à vis d’une autre et donc d’un traitement standard par rapport à un traitement révolutionnaire. L’objectif principal, quand on est en situation métastatique, est d’augmenter la « quantité de vie », c’est à dire la survie. Aujourd’hui tous les médicaments qu’on a testés ont tous augmenté la survie globale, ce qui a permis des progrès énormes. Ces nouvelles « technologies » de médicaments ont également pour but de diminuer la toxicité des médicaments conventionnels. Aujourd’hui, on se concentre sur la cellule cancéreuse et sur des traitements qui l’attaquent directement. Mais cette cellule cancéreuse est dans un environnement qui a une grosse influence sur son évolution. Je pense que, dans les années à venir, ce qui va émerger est la façon dont on pourra attaquer ou modifier l’environnement tumoral pour qu’il soit complètement hostile à la cellule cancéreuse pour pouvoir la détruire. Le paradigme thérapeutique pourrait donc changer drastiquement.
Guillemet ouverte

On cherche actuellement à rendre le micro-environnement tumoral complètement hostile afin que les cellules cancéreuses ne puissent plus se développer et meurent.

Guillemet ouverte
Quand on fait un essai clinique, c’est pour tester une stratégie vis-à-vis d’une autre et donc d’un traitement standard par rapport à un traitement révolutionnaire. L’objectif principal, quand on est en situation métastatique, est d’augmenter la « quantité de vie », c’est à dire la survie. Aujourd’hui tous les médicaments qu’on a testés ont tous augmenté la survie globale, ce qui a permis des progrès énormes.
Ces nouvelles « technologies » de médicaments ont également pour but de diminuer la toxicité des médicaments conventionnels. Aujourd’hui, on se concentre sur la cellule cancéreuse et sur des traitements qui l’attaquent directement. Mais cette cellule cancéreuse est dans un environnement qui a une grosse influence sur son évolution. Je pense que, dans les années à venir, ce qui va émerger est la façon dont on pourra attaquer ou modifier l’environnement tumoral pour qu’il soit complètement hostile à la cellule cancéreuse pour pouvoir la détruire. Le paradigme thérapeutique pourrait donc changer drastiquement.

Merci du temps que vous nous avez accordé Professeur.

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